bulbeux mouvements baroques. Leur enroulement répétitif donne naissance à de multiples fils cousus parallèlement, qui font danser des demi-cercles, accumulés au lointain. Par les turbulentes rencontres de tracés tendus, de coulures hésitantes, de gestes violents et lourds, l’artiste m’offre le plaisir de me perdre dans une nature qui fait basculer le ciel constellé, au cœur de mes rêves, nés de ma contemplation de la voûte céleste. Ce vertige spatial, paradoxalement encore, me ramène les pieds sur terre. Pourtant devant le sol tempétueux d’”une fiction encastrée” je me retrouve les pieds dans l’eau! Car si maintenant je suis le fil d’une histoire “fiction” qu’il me plait de piétiner, je sors de la mouvance de ces vagues pour respirer, en accord avec de souples fils échappés de leur primitif encastrement cousu. Ils montent librement à l’assaut de la toile, en la frôlant, sans pour autant s’y agripper. En arrière plan vient de naître une forme ballonnée, encore à moitié enterrée dans une farfouilleuse moisson de foin, nature. Le natif gonflement de cette sphère porte des hexagones de tissus sensuels, qui évoquent à la fois et paradoxalement, la géométrie incontournable d’un ballon, et l’apparence troublante de sa mobilité. C’est alors que l’artiste me propose la mouvance d’un “paysage dissipé”. Cette fois je suis entrainé par les fils épais et noircis de chaînons, qui semblent piéger une nature ne pouvant échapper à la filature de sa complexité. L’évocation d’une chaîne de montagnes semble vouloir s’affirmer, en dépit d’une chaleureuse confusion de fils embrouillés, qui condamnent toute respiration. Les courbes de niveau sensées exprimer le volume géologique, tournent en rond à l’intérieur de ces anneaux. Les fils, emprisonnés quelquefois, arrivent à fuir mais peuvent tomber tristement. Etrangement, ils semblent toutefois remporter une petite victoire, car dans ce combat, la chaîne agressive perd en partie sa densité et n’offre à mon regard, que le pourtour de son tracé, vidé de toute substance.
De quelle substance va maintenant me nourrir ce “dessous de paysage 1” qui se présente en diptyque? Je devine sous la toile tendue une complexe danse de fils, croisant leurs chemins à l’assaut de pics alignés. C’est alors que je perds pied en transformant cette devinette en prise de conscience d’un retournement de la nature. Dans la partie supérieure, des morceaux de toile découpée, cousus par leur pourtour, sont habités de circonvolutions parallèles. Brankica leur fait abandonner en partie leurs fils de fixation, tout en gardant leurs attaches d’origine. Ces traits filiformes ne peuvent que descendre dans le vide au dessus de ce paysage renversé. Par la séparation de ces deux panneaux, le décalage de formes accentue cette chute en abîme d’une nature qui me fait perdre le fil de ma logique, par ce dessous que je ne perçois que grâce à ce qui est dessus!
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